La francophonie désigne les populations et les institutions qui ont en commun la langue et la culture françaises auxquelles sont généralement associées des valeurs de paix, de démocratie, de droits de l’Homme1. Ces valeurs universelles issues notamment de la Révolution avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen devraient conduire à mettre « l’humain » et non le seul profit au cœur de politiques soucieuses de la préservation de la Planète. C’est en ce sens que la francophonie est une chance pour les peuples et qu’elle conditionne notre avenir. Comme seuls les États-continents ou les grands regroupements régionaux ont la dimension nécessaire pour peser sur l’évolution du monde, les pays francophones devraient se structurer en une organisation d’intégration régionale, « l’Union francophone ».
Bien que l’idée ne soit pas neuve et qu’elle ait été reprise par d’autres, c’est Jacques Attali qui l’a formulée le plus clairement dans un rapport remis au président de la République François Hollande en 20142. À la fin de son rapport, l’auteur proposait de « mettre sur la table un projet de remplacement de l’Organisation internationale de la Francophonie par une Union économique francophone sur le modèle de l’Union européenne ». Cette proposition n’a guère prospéré, à l’image de la plupart des propositions de la presque totalité des rapports de ce type. Dans le cas de la création d’une Union francophone, il est vrai que l’on peut être rebuté par la montagne d’obstacles à surmonter. Pourtant, sa mise en œuvre ne peut rester une perspective lointaine comme le laissait entendre Jacques Attali. C’est, au contraire, une urgente nécessité : les pays francophones constituent une force qui doit se structurer pour créer un espace de coprospérité, gérer en bonne entente les problèmes communs et prôner une autre mondialisation.
L’ambition semble démesurée puisqu’il s’agit, au nom de valeurs universelles, rien moins que de construire une nouvelle organisation d’intégration régionale, l’Union francophone. Mais, nous dira-t-on, pourquoi créer celle-ci alors qu’existe déjà l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ? À la suite d’élargissements successifs, celle-ci est devenue une sorte de forum mondial où la place des non-francophones est de plus en plus large. Elle regroupe actuellement 61 membres et 27 observateurs regroupant 1,2 milliards [sic] d’habitants, alors qu’on ne compte que 300 millions de francophones dans le monde. Si le but est de créer une véritable organisation d’intégration régionale, avec une dimension politique fondée sur des valeurs communes, l’OIF est trop grosse et trop hétérogène pour remplir ce rôle. Elle peut subsister comme le Conseil de l’Europe à côté de l’Union européenne, continuer à promouvoir les langues et les cultures francophones et constituer une enceinte où des non-francophones peuvent se faire entendre et partager, souhaitons-le, les valeurs de la francophonie. En raison de cette évolution de l’OIF, au fil du temps, les publications concernant la francophonie se consacrent de plus en plus à « l’espace francophone » formé des 34 pays3 dont le français est la langue officielle ou dans lesquels il est parlé par au moins 20 % de la population. Les pays de cet « espace francophone » ont vocation à constituer l’Union francophone.