Recension : Arnaud Dingammadji de Parsamba, La Francophonie au secours de l'Afrique centrale en crise (1998-2016), N'Djaména/Paris, Al-Mouna/L’Harmattan, 2021

Issu d’un mémoire du Diplôme d’Université « Étude de la Francophonie et de la mondialisation » soutenu en juin 2016 à l’Université Jean Moulin Lyon 3, cet ouvrage porte sur le rôle de la Francophonie dans les crises en Afrique centrale entre 1998 et 2016. Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’auteur propose un rappel sur l’histoire de la Francophonie (chapitre 1) et une présentation des instruments de la Francophonie politique (chapitre 2). Cette première partie met en lumière l’art de la synthèse de l’auteur qui s’appuie sur des références pertinentes. Un seul regret : l’auteur évacue totalement l’importance des tensions dans le triangle Québec-Ottawa-Paris et ses effets sur l’histoire de la Francophonie institutionnelle. Dans la deuxième partie, il concentre son étude sur les crises en Afrique centrale en présentant trois études de cas (République centrafricaine, République démocratique du Congo et Tchad). Dans un premier temps, l’auteur revient sur les espoirs déçus des processus de démocratisation enclenchés après la fin de la guerre froide et présente les principaux acteurs de la résolution des crises en Afrique centrale (ONU, Union africaine, CEEAC, CEMAC, communauté Sant´Egidio). Si l’affirmation de l’auteur selon laquelle la « diversité d’acteurs n’implique pas une dimension compétitive ou concurrentielle mais plutôt partenariale et complémentaire » (p. 65) mériterait d’être largement nuancée, elle a le mérite de souligner la volonté de l’OIF d’agir de concert avec d’autres organisations. Dès lors, se pose toujours la question de la plus-value apportée par l’OIF par rapport à des acteurs disposant de moyens plus importants et d’une plus grande visibilité. De ce point de vue, les études de cas permettent de mettre en lumière les actions de la Francophonie en matière de facilitation et de médiation, d’assistance électorale et d’appui aux institutions étatiques. Sur le premier point, l’auteur met en avant l’action de certains envoyés spéciaux comme Émile Derlin Zinsou en République démocratique du Congo, Pierre Buyoya et Louis Michel en République centrafricaine et Mohamed El Hacen Ould Lebatt au Tchad. Si l’efficacité des médiations et des mesures prises par la Francophonie demeure difficile à mesurer, dans le dernier chapitre, l’auteur tente d’établir un bilan de l’action de la Francophonie et son grand mérite est de sortir d’une vision angélique en abordant les limites de l’action de l’OIF. L’auteur revient ainsi sur les capacités coercitives restreintes de l’organisation francophone, sur le poids politique de la France ou encore sur le problème du décalage entre l’attitude de fermeté affichée dans les situations de coups d’État et la complaisance à l’égard de certains chefs d’État peu respectueux des critères de bonne gouvernance édictés dans la déclaration de Bamako. Au final, ce livre très dense et précis constitue une porte d’entrée pour tous ceux qui veulent se familiariser à la fois avec les enjeux de la Francophonie politique et avec les dynamiques des crises en Afrique centrale.